
3èmes journées du CYCLE DE FORMATION inspirée par la méthode du CROISEMENT DES SAVOIRS entre personnes en situation de précarité et professionnels de l’aide sociale sur le thème de l’AIDE SOCIALE et de la PAUVRETÉ les 27 et 28 mars 2025
Formation organisée en collaboration avec Aitia, Fondation Kannerschlass, Croix-Rouge et Arcus
20 participants, personnes ayant une expérience de la pauvreté, professionnels dans le domaine de l’aide sociale et assistants sociaux d’autres services, ont réfléchi ensemble pendant 1,5 jour sur la question : « Comment agir ensemble pour une aide sociale plus efficace et plus humaine ? »

L’objectif des 2 journées était de transmettre des pistes d’action pour le niveau institutionnel, le niveau relationnel, et d’éventuelles recommandations plus « générales » à l’entente des Offices Sociaux et/ou aux Conseils d’Administration des Offices Sociaux, au Ministère de la Famille, des Solidarités, du Vivre ensemble et de l'Accueil dans le cadre du plan d’action national de prévention et de lutte contre la pauvreté et à d’autres.
La démarche du croisement des savoirs, développée il y a plus de 20 ans par ATD Quart Monde, se base sur la reconnaissance que chacun a un vécu, une expérience qui peuvent être utiles aux autres et qu’ensemble, à égalité, il est possible de construire du nouveau. La méthodologie permet de croiser les savoirs du vécu, de l’expérience de la vie, des réalités (personnes vivant en situation de précarité), de l’action et de la pratique professionnelle (professionnels) et les savoirs académiques, théoriques, de recherche (chercheurs), qui sont complémentaires, pour construire une plus-value. Il y a en parallèle une recherche continue des conditions à établir pour permettre à des personnes en situation de pauvreté d’être réellement partenaires et actrices de la construction d’une société plus juste. Les participants doivent avoir en commun leurs insatisfactions quant aux réalités dans lesquelles ils travaillent, s’engagent et/ou vivent, ainsi que l’envie de changement. Ils doivent être prêts à interroger les pratiques/concepts/théories/décisions politiques, à se remettre en question. https://www.atd-quartmonde.fr/le-croisement-des-savoirs-et-des-pratique…

Après un résumé des échanges des 2 formations précédentes, qui avaient eu lieu en 2022 et en 2024 (Qu’est-ce qu’est la pauvreté ? Qu’est-ce qu’est l’aide sociale ?) et l’exposition des affiches de 2024 (rappel pour les anciens participants et information pour les nouveau participants), nous avons travaillé en groupes de pairs pour déterminer les obstacles communs à tous les groupes ; obstacles qui permettront d’enclencher le travail du lendemain, à savoir la recherche de pistes d’action débouchant sur des propositions/recommandations.
Il était important de souligner que nous ne pouvions réfléchir que sur les 2 niveaux personnel et institutionnel, où les participants ont un pouvoir d’action, contrairement au niveau législatif, où les participants n’ont aucune influence.
Nous avons réparti les participants en 3 groupes de pairs pour la recherche des obstacles : un groupe de militants ATD Quart Monde (personnes en situation de pauvreté), un groupe d’assistants sociaux travaillant au sein d’Offices Sociaux et un groupe de membres de CA d’Offices Sociaux et d’assistants sociaux travaillant dans d’autres services, mais ayant des expériences avec l’aide sociale.
Pourquoi travailler en groupes de pairs ?
Le travail en groupe de pairs offre un espace « protégé » pour élaborer et exprimer sa pensée. Celui-ci est particulièrement nécessaire aux personnes qui ne peuvent (encore) s’exprimer librement au sein d’un groupe important, qui n’ont pas confiance dans la valeur de leur propre apport. Il favorise la construction des savoirs personnels par échange et confrontation avec des personnes ‘proches’. Il permet de construire un apport en tant que groupe : il permet de passer d’une pensée personnelle à une pensée collective : de la description de situations individuelles, singulières, à la compréhension de situations et dynamiques sociales, de mécanismes institutionnels…, en passant par l’analyse partagée. Chaque groupe est encadré par un animateur et un secrétaire.
Après le travail en groupes de pairs, les groupes ont présenté leurs affiches respectives avec les obstacles sur les niveaux structurel (institutionnel) et relationnel (personnel) en plénière. Les animateurs se sont assurés de la compréhension en interpellant les membres des autres groupes de pairs. Les militants sont passés en dernier, leur apport étant le plus percutant.

Le facteur temps a été identifié comme étant un point qui pose problème à tout le monde. La personne qui demande de l’aide estime qu’elle n’a pas le temps de se faire comprendre, de poser des questions. Le professionnel se rend compte qu’il ne peut pas faire son travail comme il le voudrait. Il faut du temps, de la durée pour construire une relation de confiance. Or, au facteur temps viennent s’ajouter de fréquents changements au sein du personnel des offices sociaux.
Les militants ont découvert la pression que les professionnels ressentent dans leur travail, et pour les professionnels, c’était choquant de se rendre compte qu’il y avait toujours encore des situations où les bases (respect, appréciation, ne pas avoir de préjugés, empathie, etc.) ne sont pas garanties.
Le deuxième jour a commencé par un échange sur le contenu des obstacles présentés la veille. Les animateurs avaient demandé au préalable aux groupes de pairs de réfléchir aux questions suivantes : En quoi ce qui a été dit vous motive-t-il ? Y a-t-il des choses qui vous ont surpris ? Vos obstacles se rejoignent-ils ou sont-ils différents ? Comment réagissez-vous à ce qui a été dit ? Est-ce que cela apporte quelque chose de nouveau à votre propre réflexion ?
Ensuite, les participants ont eu un second temps de travail en groupes de pairs, pour réfléchir à des pistes d’actions réalisables, concrètes.
Ici aussi, nous avons demandé aux groupes de présenter leurs pistes d’actions en plénière à l’aide d’affiches. Après les questions de compréhension les participants ont eu un court moment de réflexion en groupe de pairs, afin de répondre aux questions de réflexion et de réaction.
Plusieurs pistes d’actions ont trouvé un large consensus, comme l’idée que les personnes devraient avoir la possibilité de changer de professionnel si la collaboration ne fonctionne pas, s’il n’y a pas de relation de confiance, s’il y a une barrière linguistique. Il devrait y avoir un endroit neutre où l’on peut dire si l’on ne se sent pas à l’aise avec un professionnel. Le facteur temps a aussi été retenu par tous les groupes, ainsi que l’importance de la première prise de contact, de l’accueil chaleureux, du premier rendez-vous.
Ce furent 2 journées intenses pleines de discussions constructives où nous avons tous appris les uns des autres, dans le respect et la bienveillance. Maintenant, nous préparons des réunions pour formuler les recommandations pour ensuite les présenter aux acteurs concernés.
